samedi 21 juin 2008

6ème message de M. Enclume

Cher M. Basshiru Jubrin,

Quel soulagement de recevoir à nouveau un message de votre part. Je finissais par craindre de vous avoir perdu. Les hommes honnêtes tels que vous et moi sont malheureusement trop souvent victimes de filous, malandrins, forbans, pendards, détrousseurs, canailles, brigands, malfaiteurs, aigrefins, tire-laines et autres trousse-goussets attirés par les millions d’USD de dollars de l’Amérique que vous me proposez. Mais DIEU l’Invincible soit loué, vous êtes sain et sauf. J’aurais eu grand peine à vous voir disparaître ; vous qui êtes comme moi et Bernard Lavilliers un homme d’expérience, qui a bourlingué, tout vécu, traîné sa carcasse virile dans les coins les plus chauds du globe et défendu la liberté en des jungles moites auprès de fiers guérilleros, vous savez à quel point il est difficile de voir tomber un frère d’armes.

Pour ma part, j’ai perdu l’un de mes meilleurs officiers à l’époque où je travaillais dans l’aérospatiale. C’était en 1969, et la mission avait pourtant fort bien démarré. Si l’on faisait abstraction des questions idiotes de la presse, qui face à nos exploits surhumains de pionniers de l’exploration galactique, préférait s’enquérir de la marque de nos chemises, tout se passait à merveille. Et là, soudain, nous perdons le contact. Notre homme n’a eu que le temps de nous demander d’informer sa femme de l’amour qu’il lui portait ; après ces ultimes paroles, ô combien émouvantes, plus de nouvelles. J’ai eu beau répéter au moins trois fois “M’entendez-vous, Major Tom ?”, je n’ai eu pour toute réponse que le silence radio, comme s’il ne restait plus du malheureux que de la poussière d’étoile. Et aujourd’hui, du fait de cet échec retentissant, nous ne savons toujours pas s’il y a de la vie sur Mars à part quelques araignées.

En tout cas, depuis la tragique disparition du Major Tom, je me suis juré de ne plus jamais laisser un homme sur le carreau. A voir votre message, si bref et rédigé à la hâte, vraisemblablement sur un vieil ordinateur portable avec la touche MAJ bloquée tandis que vous tentiez d’échapper à vos poursuivants, je comprends que la vie d’un banquier au Burkina n’est pas de tout repos. Si vous deviez à nouveau vous trouver aux prises avec des desperados ou des Indiens, je vous recommande vivement de disposer votre chariot en cercle et de mailer de toute urgence Lucky Luke à l’adresse lonesomecowboy@longwayfromhome.com ; il saura quoi faire et vous pouvez compter sur la cavalerie pour arriver à temps.

A part ça, je n’ai à peu près rien compris à votre e-mail, mais j’espère que la réunion du comité suprême des banquiers burkinabés s’est déroulée sans accroc. Tenez-moi vite au courant de la suite de la marche à suivre, je suis impatient de profiter avec vous de cette bonne aubaine qui nous est offerte par l’ami Walter Mishmack. Walt (je l’appelais Walt, il m’appelait “mon petit échidné malicieux”, et nous jouions du didjeridoo pendant des heures au coin du feu) nous a vraiment fait un beau cadeau en nous nommant officiellement ses héritiers légitimes et ce serait insulter sa mémoire que de ne pas prendre ce bel argent.

Que DIEU vous shampooine avec des micro-huiles nutritives de fruits et des céramides reconstructeurs, afin de réparer et renforcir vos cheveux secs, surmenés et endommagés.

Bons baisers où-tu-sais,
M. ENCLUME

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