mardi 30 septembre 2008

M. Enclume demande des explications

Re : INSTRUCTIONS POUR LES DOCUMENTS DE LA BANQUE ??
M. Basshiru Jubrin,
J'ai reçu un document de la Banque et je suis assez étonné. Il mentionne le nom d'un M. MORRIS THOMPSON alors que je pensais que nous traitions le cas de M. WALTER MISHMACK. D'autre part vous ne m'avez toujours pas envoyé mes instructions concernant ce que je dois faire au sujet de tout cela. Nous sommes vendredi, les banques vont fermer pour le weekend et à nouveau tout cette affaire va prendre du retard.
Vous ne voudriez tout de même pas que l'on s'occupe de tout ça le Jour du Seigneur, M. Jubrin ? Je pensais que vous étiez, comme moi, un homme croyant et vivant dans la crainte de DIEU le Richissime, créateur de toute vie et vainqueur de Lens en demi-finale par deux buts à zéro, mais votre attitude ces derniers temps commence à me faire douter.
Alors que votre tout premier message m’avait amené à voir en vous un frère de religion, j’ai l’impression que vous ne souhaitez plus laisser aucune place à notre ami à grande barbe blanche dans nos tractations. Cela fait plusieurs jours maintenant que vous n’en faites plus aucune mention. Et je suis au regret de vous dire que je suis assez mal à l’aise à l’idée de traiter des dossiers aussi importants avec la collaboration d’un hérétique ou d’un apostat.
Entendons-nous bien : je suis un homme tolérant et ouvert, chacun a le droit de mener une vie impie de chien infidèle s’il le souhaite. Ce n’est pas à moi de juger ces misérables, le tout-puissant se chargera lui-même de punir impitoyablement ceux qui ont refusé son amour inconditionnel et son infinie bonté, je ne suis pas là pour faire le ménage de Môôôssieur Dieu, merci bien, il n’y a pas marqué bonniche ici et ce n’est pas lui qui va faire tourner la quincaillerie si je m’occupe de châtier les mécréants à sa place. Mais le fait est que si ces gens-là font d’excellents combustibles, il faut reconnaître que, comme partenaires d’affaires, on a vu mieux. C’est pourquoi je voudrais bien m’assurer que vous êtes un authentique croyant et homme de DIEU le Convivial, inventeur de toutes choses et qui bouta l’Anglois hors de France en l’an de grâce Seize Cent Soixante Quatre, des chiffres plus forts que tous les mots.
Etes-vous réellement croyant ? Rejetez-vous Satan et toutes ses vaines promesses ? Etes-vous prêt à accueillir DIEU le Chamarré, designer de l’Univers et de sa périphérie et grand capo di tutti capi, dans votre vie ?
Avez-vous seulement lu la Bible, Monsieur Basshiru Jubrin ? Trop de gens, de nos jours, se déclarent chrétiens sans même l’avoir feuilletée. Je sais bien que c’est un gros livre, et qu’il y a quelques longueurs. Tout le chapitre sur l’herbe à pipe que fument ces gnomes troglodytes par exemple, ou bien le passage avec cette espèce de ménestrel forestier, je suis d’accord, on aurait pu s’en passer. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je n’ai rien contre les personnes de petite taille, la consommation de substances récréatives ou les intermittents du spectacle contraints de travailler comme gardes champêtres pour assurer leurs fins de mois. Mais je n’ai pas forcément envie qu’on me raconte tous les détails de leur vie : il faut savoir garder un peu de mystère si l’on veut préserver l’érotisme. Enfin du coup, avec tout ça, j’avoue que je n’ai fait que survoler le livre, histoire d’en retenir au moins les grandes lignes, mais par contre j’ai vu le film jusqu’au bout, ce qui me permet aujourd’hui, je pense, de me considérer sans rougir comme un excellent croyant.
Je me souviens notamment de cette scène assez connue où l’Homme sans Nom explique à Eli Wallach que, sur cette Terre, il y a deux sortes d’individus. Quelle force dans ces quelques instants de tension entre deux hommes que tout oppose et qui pourtant apprendront à surmonter leurs différences pour déjouer les plans du S.P.E.C.T.R.E. ! Et derrière cela, évidemment, que faut-il y voir ? Ni plus ni moins que la parabole des Dix Vierges (Matthieu, 25:1), c’est limpide.
Dix vierges, Basshiru Jubrin, vous vous rendez compte ? Une ou deux déjà, c’est sympa, mais dix, qui nous attendent, offertes, innocentes et fragiles… C’est vrai que c’est moins que ce qu’offre le Coran. Soixante-dix, on ne peut pas lutter. Je ne sais pas chez qui ils se fournissent, mais nous ici à la chrétienté, on ne peut vraiment pas se permettre d’aller au-delà de dix, après on y perd, et on a beau être croyant, on ne s’est quand même pas lancé dans ce business par pure philanthropie, le but c’est aussi de se faire une petite marge, voyez ? Dix vierges, c’est mon dernier prix et c’est déjà pas mal, et vous ne me ferez pas croire que ça ne vous émoustille pas au moins un petit peu, mon vieux. Dix vierges évanescentes et lascives, étendues sur des peaux de bêtes au coin du feu… On lit encore dans leurs yeux bleus et sur leurs joues roses et fraîches la pureté et la tendresse de l’enfant, mais on sent déjà brûler sous leurs seins orgueilleux et au creux de leurs fesses fermes le désir moite et la perversité de la femme qui n’attend que ça, la ssssssaaaaloooopeeeeeuh.
Mais je m’emporte. En tout cas, ne me dites pas que tout ça ne vous fait pas envie, M. Basshiru Jubrin.
L’important à retenir de tout ça, c’est que si ce n’est pas déjà fait, lisez la Bible, c’est plein de bonnes adresses de vierges faciles, qui n’attendent que de suer et gémir sous les puissants coups de boutoir d’un homme sain et robuste tel que moi, ou même vous, si le cœur vous en dit. Et si vous ne vous intéressez pas à ces choses-là, jetez au moins un œil sur la 2ème partie, celle avec les aventures de Jésus, c’est assez rocambolesque et je vous garantis que vous y trouverez pas mal de tours de prestidigitation très astucieux et deux-trois blagues bien salaces pour épater vos amis en fin de banquet ou de Sainte Cène. Oh, ce n’est pas de la grande littérature, ça ne fait pas réfléchir, mais c’est un excellent divertissement pour toute la famille si j’en crois la critique de Télé 7 Jours.
Si vous m’assurez de votre lecture fréquente des Saintes Ecritures, je ne pourrai plus douter de votre qualité de jovial serviteur de DIEU l’Enchanteur, petit père des peuples et grand dépendeur d’andouilles, et serai extrêmement ravi de vous fournir toute assistance concernant la succession de notre bien-aimé Walter Mishmack l’ingénieur australien. Je l’appelais Walt, il m’appelait Walt aussi, ça créait parfois un peu de confusion dans nos rapports, voire des disputes, mais il faut savoir faire des concessions dans un couple.
Pour en revenir à ce qui nous préoccupe vous et moi depuis quelques temps, je vois que la banque me réclame la somme de 3850 EURO de l'Europe. Comme je vous le disais, je serai bientôt en possession d'une somme considérable grâce à la transaction faite avec la veuve Foutounké, mais pour cela j'ai besoin que vous écriviez une lettre. Je ne demande pas grand chose : pas d'argent, pas de numéro de compte. Je veux juste une lettre de votre part, destinée à la direction de la Banque of Paris, indiquant que vous êtes un banquier africain très connu et que je suis l'un de vos tous meilleurs associés. Vous pouvez également ajouter que je suis un excellent coup, ça ne mange pas de pain. Grâce à cette lettre, je vais pouvoir débloquer la situation et ainsi mieux vous aider à récupérer l'argent du compte de Walter Mishmack l’ingénu autrichien grâce auxquelles vous et moi qui sommes très croyants pourrons entamer la construction d’églises et de cathédrales. Car je vous le répète, je suis avant tout un big fan de DIEU le Savoureux, bâtisseur de notre nation et paladin chaotique/bon de niveau 18, et pour lui, je compte bien ériger moult temples et créer un domaine où l’amour sera loi, où l’amour sera roi, où tu seras reine.
Ne me quitte pas. Ne me quitte pas. Ne me quitte pas.
Veuillez agréer mes perles de pluie, venues de pays etc etc.
M. Enclume

Si t'en re-veux, y'en re-a

Tiens ça fait des mois que j'ai laissées en suspens ces pages que personne ne lit. Il faut savoir que les échanges avec Basshiru Jubrin ont fini en queue-de-poisson malheureusement. Cela dit, je ne vous avais pas tout mis. Donc je vous mets ce qui reste.
Résumé de l'épisode précédent : la banque du Burkina a besoin de près de 4.000 euros pour diverses raisons. Je ne vais évidemment pas les leur donner.
Résumé de l'épisode suivant : pour gagner du temps, je réécris à Basshiru pour lui demander quelques éclaircissements.